Située à 360 mètres au-dessus de la mer sur la ligne géographique qui sépare la Haute Murgia de nord-ouest de la Basse Murgia, Gioia del Colle surgit à mi-chemin entre la mer Ionienne et la mer Adriatique. La ville se trouve pratiquement à la même distance de la ville de Matera, Bari et Tarente.
Au cours de la période byzantine, apparaît la première forme urbaine de la ville dans son site actuel (le bourg Saint-Nicolas), où on peut admirer quelques-unes des structures architecturales les plus pittoresques de cette époque. La zone archéologique de Monte Sannace, un des centres les plus importants des Peucétes, et le Château Normand-Souabe, lié aux personnages de Frédéric II de Souabe et de Bianca Lancia qui ici a donné naissance à Manfredi de Sicile, sont des témoignages considérables du point de vue archéologique, historique et architectural. Son paysage rural peut être considéré lui aussi comme un élément de grande attraction de cette partie des Pouilles, grâce à ses fermes des XVIe et XVIIe siècles disséminées dans un merveilleux environnement naturel caractérisé par des ravines, des bois et par les lame, un type de construction rurale très simple. Du point de vue économique et productif, le bourg agricole de Gioia del Colle s’impose en tant que centre florissant et vante une production particulièrement importante dans les secteurs zootechnique et vitivinicole avec le vin produit du cépage Primitivo de Gioia del Colle. L’activité fromagère est particulièrement développée: ses mozzarellas et ses produits laitiers se sont imposés sur les marchés de toute l’Italie, mais étrangers aussi, grâce à la très bonne qualité de ces produits.
C'est le monument le plus connu de Gioia del Colle, et un des plus beaux château des Pouilles. L’édifice a été construit au cours du XIIe siècle, dans la période byzantine, par le normand Richard de Hauteville et il a été rendu encore plus important par Frédéric II de Souabe après son retour de la croisade de 1228-1229. Sa structure actuelle est le résultat des travaux de restaurations.
À l’extérieur, l’attention du visiteur est attirée par: le mur puissant aux pierres angulaire et saillantes ; les deux tours qui ont survécu (il y en avait 4 à l’origine), la tour de’ Rossi faisant 28m.40 de haut et la tour Impératrice, 24m.10 , avec ses magnifiques oculus et ses fenêtres à une seule ouverture ; les entrées sud et ouest, caractérisées par des arcs en pierres de taille rayonnés et par d’élégants « mâchicoulis » ; et enfin une « courtine » aux ouvertures raffinées.
À l’intérieur, à l’étage principal, une fois franchit le majestueux hall à ouest, nous découvrons une vaste et harmonieuse cour reliée à la salle du four monumental qui donne à son tour accès à la prison de l’Impératrice, scène d’une légende aussi sombre que fascinante. Ici Frédéric II aurait enfermé Bianca Lancia en l’accusant d’adultère et elle y aurait donné naissance à Manfredi, en se sacrifiant. Au-delà, une puissante porte à plate-bande et les espaces des courtines sud et ouest. En 1497 la cour a été le décor de la réception triomphale en l’honneur d’Isabella del Balzo Orsini, reine de Naples, de la part des populations des Balkans qui s’étaient installées à Gioia dans la deuxième moitié du XVe siècle.
Un élégant escalier (orné de losanges représentant des scènes zoomorphes) permet l’accès aux salles de l’étage supérieur : la fascinante salle du trône, ce dernier précédé de l’arc triomphal et orné d’éléments décoratifs arabes et par le motif de petits faucons placés l’un en face de l’autre. Au mois de décembre 1250, le corps de Frédéric II fut gardé ici, lors de son déplacement de Foggia à Palerme ; la salle de la cheminée de la Renaissance illuminée par une magnifique fenêtre ternée ; la porte originelle du donjon s’ouvre sur la salle de la Renaissance qui présente une belle voûte du XVe siècle ; la salle du Gynécée, avec l’échelle d’accès à l’intérieur de la tour Impératrice. Ici on est frappé par la petite salle de bain, très rare dans les demeures des seigneurs et des rois de cette époque, et par les poutres qui soutenaient les mezzanines en bois qui ont disparues.
Les espaces côté est accueillent le Musée Archéologique National, où sont exposes les objets (du VIe au IIIe siècle avant J.-C.) découverts dans les fouilles de Monte Sannace : des vases géométriques, des vases à figures rouges et des vases de Egnathia, des statuettes et des petits hochets, des armes et objets en bronze, aussi que des ustensiles ménagers.
Le centre de Monte Sannace est un témoin éloquent de ce destin: peuplé dès le début du VIIe siècle avant J.-C. et très florissant pendant tout le IVe et le IIIe siècles avant J.-C., ce centre fut totalement abandonné à la fin du IIIe siècle avant J.-C., à la suite des guerres puniques et il restera inhabité pendant toute l’ère romaine.
Monte Sannace est le plus grand centre habité connu de la Peucétie, et il a été dégagé à partir des années cinquante du vingtième siècle ; mais le site était déjà connu au siècle précédent, et fortement abîmé par des fouilles clandestines. Le site est situé, de manière pittoresque, en pleine campagne, à 5 km de Gioia del Colle, vers Putignano – Egnathia, sur la petite route appelée «la Cavallerizza» qui traverse entièrement la zone archéologique. Le centre habité est anonyme, peut être faut-il l’identifier avec la ville de Thuriae citée dans les sources, mais ce sont des sources qui l’indiquent comme ville de la Messapie. Tout le centre est limité par quatre murs d’enceinte concentriques qui sont encore visibles. Le premier délimite l’acropole, remontant à la deuxième moitié du IVe siècle avant J.-C. Le deuxième, contemporain du premier, est muni d’une porte et entoure des quartiers résidentiels dans la direction de la vallée ; en montrant, en outre, certaines techniques de construction grecques. Le troisième fortifie l’acropole et le quatrième entoure tout le centre habité, en délimitant un espace à vrai dire beaucoup plus grand de la extension réelle de la ville : cela parce qu’à l’intérieur du mur il y avait des zones non urbanisées pour accueillir la population des campagnes et les animaux en temps de guerre, et aptes à être cultivées en cas de longs sièges. Les deux murs remontent au début du IIIe siècle avant J.-C. La tradition funéraire est très intéressante : les nécropoles sont situées hors du centre urbain et accueillent des tombes à partir du VIIe siècle avant J.-C., avec des matériaux qui sont encore plus anciens, comme la vaisselle grecque de la moitié du VIIIe siècle avant J.-C. ; cependant, conformément à la tradition funéraire des Pouilles, il y a aussi des exemples de sépultures à l’intérieur de la ville, dans les jardins des habitations ou dans les espaces au milieu de celles-ci dans le cas des adultes, et en dessous des sols des habitations dans le cas des enfants.